Vendredi 9 février à l’invitation du Collectif du "Festival des solidarités" s’est tenue, à la maison de quartier de Pré Benit, une soirée sur le thème "chômage longue durée, quel regard et quelles solutions".

Une quarantaine de participants ont répondu présents.

Pour commencer Claudine privée d’emploi de longue durée en fin de droit, après nous avoir exposé la situation des personnes privées d’emploi, avec le risque de désocialisation qui s’ensuit, nous a décrit à travers son exemple la galère de ceux qui doivent vivre avec le RSA et une perspective de retour à l’emploi problématique. Difficultés matérielles d’abord et sentiment de dévalorisation ensuite, avec l’épreuve de devoir affronter le regard de la société qui est sévère avec ceux qu’elle juge parfois un peu vite responsables de leur situation.

Avec le récit qui s’en est suivi sur les dérapages des services sociaux et des administrations censées venir en aide à ces personnes, on est proche de Kafka et ça deviendrait franchement drôle si le sujet n’était pas si grave : les contrôles abusifs, les erreurs administratives qui aboutissent à la suppression brutale du RSA etc...

Ensuite Jean Gousseland de l’association Solidarités Nouvelles face au Chômage a présenté cette association et ses activités. SNC propose aux chercheurs d’emploi qui le souhaitent un accompagnement individualisé par 2 bénévoles aussi longtemps que nécessaire. Le relation qui se crée ainsi a pour but de libérer la parole, d’apporter un soutien et de trouver des solutions concrètes vers une reprise d’activité. Le taux de réinsertions réussies est voisin des 2/3.

En deuxième partie de soirée 3 bénévoles de l’association ATD Quart-monde venus de Lyon ont présenté le dispositif "Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée (TZCLD)" auquel elle participe. 10 territoires en France sont concernés, dont une sur notre région Villeurbanne.

Tout cela s’opère dans le cadre d’une expérimentation prévue par une loi.

• Le territoire doit être identifié de façon précise et de taille réduite (superficie et population).
• Les demandeurs d’emploi expriment leurs souhaits en temps de travail, d’activité acceptée ou refusées…
• A partir des besoins non pourvus exprimés sur le territoire une liste des travaux utiles est établie en respectant certains critères (pas de concurrence avec des activités existantes dans le domaine marchand ou le bénévolat…) et une entreprise est créée. A Villeurbanne c’est l’entreprise Emerjean (société par actions simplifiée).
• Un fond est débloqué par les pouvoirs publics en partant du constat que bien que n’étant pas indemnisé par pôle emploi, le chômage de longue durée coûte au moins 17 000 euros par personne et par an à la collectivité.

Après un an d’existence il y aura, fin mars 2018, 50 CDI créés à Villeurbanne dont 2 jeunes de moins de 20 ans, 1/3 de moins de 30 ans et une majorité de femmes. L’objectif est de passer à 150 d’ici la fin de l’expérimentation. Parmi les personnes intéressées certaines sont aidées pour trouver un emploi dans d’autres structures, d’autres trouvent un autre emploi après quelques mois dans ce nouveau cadre. Certaines personnes voient ce CDI comme un complément d’activité car leur projet personnel ne leur permet pas encore de vivre. D’autres personnes ne sont pas intéressées car la rémunération au smic est trop faible, ou elles n’apprécient pas la multi-activité, ou elles sont très attachées à leur ancien métier… De plus en plus de jeunes, qui au départ n’y croyaient pas, commencent à s’intéresser à cette expérimentation.

L’expérimentation prévue pour une durée de 5 ans. Une nouvelle loi devra venir définir le cadre du dispositif pour la suite.

On est, on le voit, dans cette démarche à l’opposé du discours sur le"marché du travail" où la marchandise est le travailleur lui même.

Les liens vidéo ci après présentent l’expérience :

https://www.youtube.com/watch?v=MS2mFinY6_U

https://www.youtube.com/watch?v=yVhgaf2V8zI